Raphaëlle Danis, « océantrepreneuse »
Co-gérante de la société Optifluids et co-fondatrice de Thanksforher, Raphaëlle Danis est ce qu’elle appelle une « océantrepreneuse », océanographe de formation, passionnée par la protection du milieu marin, mais également une cheffe d’entreprise aguerrie.
« La pollution liée aux fuites d’hydrocarbures des épaves de la Seconde Guerre mondiale pourrait être une des plus grandes catastrophes du 21e siècle », déplore Raphaëlle Danis. La jeune femme de 33 ans s'est emparée du sujet avec le projet Thanks for her, où her se rattache à la pla- nète Terre. Son objectif est de localiser ces épaves – il y en aurait 15 000 à travers les océans –, de hiérarchiser leur niveau de risque et de trouver des fonds pour organiser leur dépollution.
Devenu réalité avec l'Ocean Hackaton 2022 en gagnant le concours régional, ce projet est né de la thèse entreprise par Raphaëlle Danis, à la suite du master management d’unité stratégique de l’École des hautes études commerciales (HEC) qu’elle a suivi en 2020. « J’avais besoin d'asseoir ma légitimité en tant que cheffe d’entreprise. » En effet, Raphaëlle Danis est également co-gérante de la société de tuyauterie et de chaudronnerie Optifluids, co-fondée par son conjoint en 2012, et directrice RSE et HSE.
Même si ce poste n’a rien à voir avec sa formation initiale en océanographie physique, c’est une « belle expérience entrepreneuriale », considère la jeune femme qui a appris ce métier en autodidacte. « J’ai dû trouver l’entrepreneuse qui sommeillait en moi. » Elle confie néanmoins les « sacrifices » qu’elle a dû faire, en laissant de côté sa passion pour l’océan, et les difficultés rencontrées en tant que « femme dans un monde d’hommes », soupire-t-elle, précisant son implication dans l’association féministe Soroptimist, dont elle préside aujourd'hui le club de Nouméa, et avec les Femmes Chef(fe)s d’Entreprises. Pourtant, « je pense que je n’aurais pas pu me lancer dans Thanksforher sans mon expérience à Optifluids », admet-elle.
« Construire un nouveau modèle »
« Contrairement au plastique, cette pollution-là est invisible. Avec une carte interactive, nous voulons que ce combat pour la protection des océans deviennent celui des gens, qu’ils se l’approprient en voyant qu’il y a des épaves près de chez eux », reprend l'entrepreneure, signalant qu’il y en aurait trois au large de la Nouvelle-Calédonie. « Thanksforher est motivé par de forts enjeux socio-économiques et la nécessité de construire un nouveau modèle pour passer à l’action », précise Raphaëlle Danis.
Avec son mari Nicolas, elle souhaiterait lancer au second semestre 2023 une « start-up océano-philanthropique ». Celle-ci reposerait sur un modèle hybride constitué d'un fonds de dotation et d'une entreprise à mission relevant d'une structure de l'Économie sociale et solidaire. « Cette économie inclusive constitue un fort accélérateur d’innovation et est particulièrement résiliente. »
J'ai dû trouver l'entrepreneuse qui sommeillait en moi.
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